Traité de savoir où

Un enfant joue dans le sable. L'enfant est seul. Le monde n'existe pas. Les mots pour le décrire n'existent pas, ils n'existent pas puisqu'il va les créer.

L'enfant entame la surface du sable avec ses mains. Le trou s'élargit, prend de l'ampleur. En quelques minutes, il devient un cratère.
Mario Morisi, Un boucan de sable

Quand l'imaginaire est trop fort, que le coeur et l'esprit manquent d'éclater, il faut faire simple.

Écrire.

Pas gourou, peut-être un peu shaman, Mario Morisi a passé sa vie à créer des auteurs en quête de personnages. Plus incarnés que leurs auteurs, ils sont aussi vivants que les villes où ils sévissent.

Mario aime bien essorer les lieux où il dépose son baluchon, en prendre la couleur, la musique, la noirceur, les ombres et les éclats. Habile, un tantinet roublard, il raconte où il est et impute, ensuite, cette extorsion d'imaginaires à un pseudo. Pour faire bonne mesure, il crée une société littéraire pour héberger tout ce petit monde factice, gavé de réalités.

Il n'y a pas dans ce livre de fausses communes où enterrer des histoires. Tout y est vrai, les lieux, les personnages, les époques. La ville est prise tout entière, Mario Morisi ne fait pas de quartier, ses fictions nourissent le réel.

Ce traité composé de huit nouvelles écrites dans huit villes, exprime des volontés discordantes entre les personnages, les auteurs et l'écrivain. Comme un contrat, il a une force contraignante. Mario Morisi restitue aux lieux bien plus qu'il ne leur a emprunté, il leur offre des personnages et des histoires.

Enfin, Mario Morisi se livre à l'holocauste innocent de tous ses pseudonymes. Il écrira désormais en son nom. Des auteurs sont morts, un écrivain est advenu.