Tropique de la violence

PRIX MILLEPAGES 2016

Ici,rien à voir avec Henry Miller, si ce n'est le cancer. Situé entre l'équateur et le tropique du Capricorne, il y a Mayotte, archipel aux mers turquoises qui, vu du ciel, offre une vision du paradis. Pourtant les touristes ont déserté ces limbes océaniques. Et pour cause, le cancer se propage sous des noms variés : racisme et violence, misère et insécurité. Moïse et Bruce, héros malheureux et bouleversants de cette tragédie australe portent sur eux les stigmates des désordres contemporains. Leur histoire est édifiante et la langue vibrante d'émotion et de lumière de Nathacha Appanah tend à disperser les ombres qui se massent au-dessus de cette terre où le chaos a élu domicile.

Moïse pourrait porter le prénom de l'un nos enfants, car à Mayotte, 101e département français, les droits sont censés être les mêmes que partout ailleurs. Hélas, Moïse ne pourra lutter contre le courant violent qui l'éloigne inéxorablement de l'innocence symbolisée par cet exemplaire de L'enfant et la rivière dans lequel il trouve refuge de temps à autres.

"Tropique de la violence" est un roman nécessaire, l'un des meilleurs de l'année. L'écriture juste et poétique de Nathacha Appanah agit comme une étincelle dans cette nuit noire. L'espoir peut renaître.