Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 256 pages
Poids : 501 g
Dimensions : 17cm X 23cm
EAN : 9782906162754
Un instituteur provençal dans la Grande Guerre, Marie-Auguste Collomp
lettres à Léontine, 1914-1915
Quatrième de couverture
Lorsqu'il fut incorporé en août 1914 au 145e régiment territorial d'infanterie, Marie-Auguste Collomp avait 43 ans. Issu, comme sa femme Léontine, d'une famille de la haute vallée du Verdon, le ménage occupait un double poste d'instituteurs à Montagnac, près de Riez (Alpes de Haute-Provence).
Il fut d'abord affecté dans une caserne d'Aix-en-Provence. Ni lui ni sa famille n'avaient jamais pensé qu'un vieux territorial serait envoyé, en avril 1915, en première ligne dans les tranchées du front de l'Argonne. Il resta près de quatre mois dans ce secteur très dangereux. Marie Collomp participa encore à la grande offensive de Champagne de septembre 1915. Enfin, en novembre 1915, il fut envoyé à l'arrière, à Troyes.
Environ 120 lettres écrites entre septembre 1914 et la fin de 1915 sont publiées ici intégralement. Celles de Provence sont déjà des lettres de guerre: la mention obsédante des morts et des blessés, des suicidés, des fous, en témoigne. Dans ses lettres du front, Marie Collomp s'efforce de cacher à sa jeune femme les dangers qu'il court. Les carnets de son journal quotidien donnent un éclairage différent à cette correspondance.
Marie Collomp était un homme discret et résigné. Il n'exprime jamais aucune plainte. Il préfère faire part de ses observations sur les hommes et les choses qui l'entourent. En bon instituteur qui s'adresse à une institutrice, ses lettres révèlent une grande acuité du regard, à la fois de géographe, d'ethnologue, de sociologue. Ces qualités donne beaucoup de charme à cette correspondance.
Le 2 juillet 1915
Ma chère Léontine,
Nous sommes toujours en pleine lutte. La bataille se déroule devant nous (assez loin il est vrai), avec une âpreté persistante. Nous avons quitté nos gourbis et nous sommes dispersés par groupes dans les environs. Nous sommes ainsi depuis le matin du 30. Cette vie n'est pas fatigante, mais elle est ennuyeuse. Nous ne voyons rien, nous ne connaissons les faits que par les intermédiaires. Les cuistots ou quelque soldat qui passe nous renseignent plus ou moins bien.
12 novembre 1915
Ma chère Léontine,
Excuse-moi de te raconter des choses macabres, mais que veux-tu, ici on acquiert une mentalité spéciale et plus tard, quand je te ferai part de mes souvenirs de guerre, j'aurai souvent à t'entretenir de faits horribles, à faire dresser les cheveux sur la tête. On assiste pendant cette guerre à des réalités qui paraissent incroyables à qui ne les a pas vues de ses propres yeux. Mais je m'arrête, car bien sûr que si je continuais sur ce ton, tu ne souhaiterais plus que je demande une permission.