Un parfum de pourpre

Gilles Rozec est né au cours de l'été 1963, avant-dernier d'une fratrie de treize enfants. « C'est le passé qui nous construit, il me faut donc en parler », dit Gilles Rozec.

Maman était femme au foyer et avait fort à faire avec nous tous. Mon père avait fait la guerre. Dieu sait quelles horreurs il y a vécu. Plus tard, il deviendra un grand-père charmant. Enfant, je l'accompagnais souvent à son travail, le dimanche. Moi et mes jeunes frères jouions, à courir sur les toits plats, à chercher des nids dans les cyprès. Je n'ai pas été longtemps à l'école, que je n'aimais pas beaucoup, avant d'entrer en apprentissage de marbrier-polisseur et, plus tard, devenir graveur. Quelques années après, j'ai rencontré l'amour, mais... je préfère ne pas en parler ici.

J'ai perdu l'une de mes soeurs, mon père, puis ma mère. Et la maison construite par notre père, où nous avions grandi, fut vendue. Cette maison pleine de nos souvenirs était si vide que, pour la première fois de ma vie, j'entendis résonner nos voix dans ce lieu brutalement devenu anonyme.

C'est après une grave dépression que je me suis mis à beaucoup lire les poètes : Prévert, Baudelaire, Hugo, Verlaine, Apollinaire, Rimbaud, Cocteau, m'ont inspiré ; de même, Edgar Poe, Boris Vian... Ils m'ont donné le goût de la magie des mots. Aujourd'hui, je vais bien !

J'écris pour être libre, me sentir léger, m'envoler. Et si, « la vie ne vaut rien... rien ne vaut la vie. » Alors, je veux vivre, même mal, même trop.