Un philosophe à la cour

Un philosophe à la Cour

De quoi cette comédie un peu loufoque se moque-t-elle ? Elle fait la satire d'un usage caricatural de la dialectique marxiste et du schéma de Hegel « Thèse, Antithèse, Synthèse » ; cet usage caricatural avait lieu dans l'ex URSS, et dans tous les pays et les partis où l'on glorifiait le stalinisme. Mais la pièce vise aussi, dans les pays démocratiques, une foi excessive, parfois naïve, dans les capacités qu'auraient des « commissions », parlementaires ou non, pour parvenir à une analyse appropriée et à des décisions bénéfiques.

Un accord entre des interlocuteurs qui ont discuté longtemps ensemble nous rapproche-t-il obligatoirement du vrai ? Aristote avait déjà dit que non, en soulignant qu'un groupe de personnes peut tout simplement tomber d'accord sur quelque chose de faux. Le régime politique qui avait la préférence d'Aristote était une république modérée, appuyée sur les forces du centre, éloignée des extrêmes et capable de choisir « le juste milieu ». En même temps qu'il souhaitait la république, il attirait l'attention sur certains excès et certaines illusions qui peuvent surgir dans les pratiques démocratiques. La pièce « Un philosophe à la Cour » est tout à fait dans cette filiation ; elle est, si l'on peut dire, « aristotélicienne » en riant.