Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 211 pages
Poids : 320 g
Dimensions : 15cm X 21cm
ISBN : 979-10-95248-32-3
EAN : 9791095248323
Un silence incandescent
journal 17 mars-10 mai 2020
Quatrième de couverture
Un Silence incandescent
C'est une longue histoire qu'Albert Strickler entretient avec son Journal intime.
Des milliers de pages. De nombreuses publiées et d'autres inédites.
Au titre des premières, celles parues au gré des saisons et les suivantes au rythme des années. Au quotidien, sans relâche. Comme en guise d'adoration perpétuelle.
Un Silence incandescent ne relève d'aucune de ces périodicités. Le livre ne recouvre que quelques semaines. Mais quelles semaines ! Celles du confinement imposé par le Gouvernement pour lutter contre le Coronavirus.
Un événement qui a vu fleurir bon nombre de journaux ou de carnets, dont celui d'Albert Strickler se démarque néanmoins de par sa continuité - il y eut un Journal « avant », il y en aura un « après » - et sa singularité !
Car c'est bien du Journal d'un poète qu'il s'agit avec le même principe de technique mixte que celui qui prévaut dans les volumes précédents en alternance de poèmes, de réflexions, d'anecdotes, d'aphorismes et de multiples citations qu'il s'approprie et restitue en partage.
Si la crise sanitaire et les autres, qui en découlent ou se révèlent à travers elle - économique, politique ou spirituelle - sont évidemment présentes au fil des 200 pages d'Un Silence incandescent, c'est une fois de plus la joie qui domine et l'éloge des riens somptueux malgré les malgré qui s'impose.
Un hymne à la vie au coeur d'un monde miné par l'angoisse.
« Quand je pose ma plume, le merle la reprend. Le relais est sublime. On est loin des oiseaux de malheur qui distillent leur chant empoisonné et, ce faisant, alimentent la psychose, à longueur de journée.
Ceux qui imitent mon troubadour de velours à la gorge de rosée ne sont ni insouciants ni fous. Les Italiens l'ont compris. Ils propagent la joie en chantant. Et la joie reste un des principaux antidotes à la peur. Et donc à la mort.
Vivre confiné, c'est vivre aussi. Non pas replié, mais ouvert... sur l'intérieur. Habiter la flamme et non pas un igloo de cendres.
Se mettre à l'abri de leur peur ! »
Je revêts le gilet pare-virus de la joie !
Déclarer la guerre à la mort ne me paraît pas être un bon plan. J'essaie de négocier avec elle en douceur. Je lui parle, je la berce et, mieux encore, la prends sur mes genoux.
J'inverse les rôles de la Pietà. J'allège son corps. J'allaite le vivant.
Je me lève parce que le verbe en moi me devance. Il a la bougeotte comme un enfant pressé de naître. J'aime ses coups de pied dans mon ventre.
La tectonique de sa présence.
À sentir son tambour de joie, le lait d'une indicible ivresse me monte aux lèvres. Je la verse dans la baratte du monde et y mêle le levain de l'allégresse.
En résidence secondaire en moi-même.
En vacance(s) dans l'absence.
Reclus dans l'Ouvert !
Congelés au soleil !
La poésie est un produit de première nécessité. L'extraordinaire denrée de base d'un luxe ordinaire : vivre !
Et les grillons, encore affairés à confectionner des masques quelques instants plus tôt, abandonnent tout à coup leurs machines à coudre dans les genêts pour venir exulter dans mon sang.
Au lieu de cocher la case, ils cachent la cause...
Quand je pose ma plume, le merle la reprend. Le relais est sublime. On est loin des oiseaux de malheur qui distillent leur chant empoisonné et, ce faisant, alimentent la psychose, à longueur de journée.
Ceux qui imitent mon troubadour de velours a la gorge de rosée ne sont ni insouciants ni fous. Les Italiens l'ont compris. Ils propagent la joie en chantant. Et la joie reste un des principaux antidotes a la peur. Et donc à la mort.
Vivre confiné, c'est vivre aussi. Non pas replié, mais ouvert... sur l'intérieur. Habiter la flamme et non pas un igloo de cendres.
Se mettre à l'abri de leur peur !
Passe un avion peu avant que le livreur de journaux ne dégringole l'échelle du ciel, et c'est comme si un OVNI ébranlait l'horizon. Nous n avons déjà plus l'habitude qu'on survole si bruyamment nos têtes. Plus l'habitude de nous émerveiller de la broderie, pourtant empoisonnée, de leurs sillages.
Dimanche. Mais les jours ont-ils encore un sens ? Mon agenda blanchit, couvert par la neige de l'absence.
À 20 heures, quand les gens en ville ouvrent leurs fenêtres pour applaudir les soignants de concert, j'ouvre les miennes et tape de mon coeur contre les premières étoiles. J'aime ce jeu de cymbales. Avec lui, c'est encore la vie que j'acclame.
« - Comment vous sentez-vous ?
- Divinement mortel ! »
Je ne vais nulle part, mais je garde le cap.
Je prends de la hauteur pour quitter le tout horizontal !