Et le noyé pensif

Je m'apprêtais à fermer l'agence quand elle a sonné. Ma dernière cliente de la journée était une vieille dame en tailleur gris, distinguée, qui sentait l'eau de Cologne, la poudre de riz, et semblait tout droit sortie d'une autre époque.

De son sac noir elle a sorti la photo d'un beau gosse d'une trentaine d'années, son fils unique, qui ne lui avait pas donné de nouvelles depuis deux mois. D'une voix lézardée par le chagrin, elle m'a demandé de partir sans attendre à sa recherche, dans le Golfe du Morbihan où il s'était installé comme photographe, cinq ans plus tôt.

Alors j'ai mis cap à l'Ouest, une fois encore, sans savoir que j'allais de nouveau risquer ma vie à vouloir lutter contre ce foutu ressac qui m'entraînerait très loin, bien plus loin que j'aurais pu l'imaginer...