Une esthétique expérimentale

L'avènement de l'esthétique expérimentale marque une dernière étape dans la constitution des sciences de l'homme. Contre le privilège de l'œuvre authentique et le primat du sujet créateur, elle explore la logique des espaces, seul véritable substrat des processus culturels. La production plastique, cette fiction d'espace possible, se révèle être la forme la plus radicale de l'expérimentation et par là le fondement de toute approche cognitive des phénomènes artistiques. Dans ce contexte, la théorie de l'attribution passe au premier plan. Non qu'il s'agisse de mettre à tout prix un nom sur une œuvre pour l'arracher au vertige de l'anonymat, mais parce que la démarche attributive, si légitimement proche du travail du bon faussaire, illustre de manière exemplaire la cohérence des procédés plastiques qui commandent une production donnée. De là découle l'ébauche d'un protocole expérimental.

Comment, en effet, appréhender cette logique organisatrice de l'espace sans recourir à des procédés automatiques de simulation, eux-mêmes appuyés sur une description formalisée ?

Les deux dernières parties de cet ouvrage exposent, à partir d'exemples précis empruntés au monde des objets (luminaires et mobilier), les étapes d'une démarche possible en ce domaine.