Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 272 pages
Poids : 384 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782868399373
L'esprit des disciplines fondamentales
Quatrième de couverture
Il en est de chaque philosophie comme de chaque personne : elle a son «style» unique, sa manière d'être personnelle et sa disposition propre face au réel et à sa connaissance. Il en est de la pensée de Thomas d'Aquin comme de toute grande pensée philosophique, indépendamment de son intention théologique : il y a, chez elle, une manière philosophique de connaître les différents degrés du réel, du point de vue strictement spéculatif, comme du point de vue pratique, moral et politique.
Thomas d'Aquin a consacré quelques dix années de sa vie - au moment de sa pleine maturité philosophique - à commenter Aristote : cela ne montre-t-il pas son souci de recevoir de lui le meilleur de sa formation philosophique, sans pour autant exclure d'autres sources, telles que le néoplatonisme ?
Les commentaires étaient précédés d'un Proème (de (...) prélude d'un chant ou préambule d'un discours oratoire) qui avait pour but de présenter non seulement l'objet du traité et son intention générale, mais aussi les parties dont il se composait et l'ordre où il se situait dans la discipline principale à laquelle il appartenait.
Pour la première fois en France, sont présentés, traduits et commentés tous ces Proèmes aux oeuvres philosophiques principales d'Aristote. Ils donnent un aperçu synthétique et unitaire de toutes les disciplines philosophiques : Logique, Philosophie de la nature, Philosophie morale et politique, Métaphysique. Cette oeuvre représente ainsi une bonne initiation à la philosophie de saint Thomas.
C'est aussi, et surtout, une introduction aux premières dispositions intellectuelles nécessaires pour former sa raison philosophique. L'expérience pédagogique acquise en trente années d'enseignement en Terminale confirme l'intuition - déjà ancienne - que l'ensemble de ces Proèmes aide à l'apprentissage de la connaissance philosophique selon l'esprit aristotélicien et thomasien, peut-être d'abord parce qu'ils apprennent à distinguer les objets, les modes de procéder et les finalités de chaque discipline philosophique.
La raison possède un objet et un mode propre de procéder, avec des actes spécifiques, des "outils" propres qu'elle utilise dans les diverses sciences spéculatives en les adaptant à ces divers objets de chaque discipline philosophique.
Dans ce volume, à travers les proèmes du Peryermeneias et des Seconds analytiques, est manifesté comment Thomas d'Aquin présente la Logique comme instrument de l'intelligence dont la mesure demeure toujours, à travers la nature de ces "outils", la réalité elle-même.
Dans la deuxième partie, à travers les proèmes de Leçons sur la Physique, du Ciel, de la Génération et de la corruption, des Météorologiques, est dégagé ce que peut être une authentique philosophie de la nature, ce que peut dire une philosophie sur la nature et quel degré de vérité elle contient, quelle utilité cela peut avoir pour les sciences dites "expérimentales". Ceci afin de combler le vide qui existe aujourd'hui entre la philosophie et ce qu'il est convenu d'appeler "les sciences expérimentales".
À travers les proèmes de l'Ethique à Nicomaque et de La Politique, nous essayons de caractériser les principes fondamentaux de l'agir humain. Ceux-ci semblent reposer non pas d'abord sur les rapports entre la conscience, ses différents états et la loi morale, mais sur la motion du bien, attractive pour toutes les activités intérieures et extérieures de la personne. Tout bien étant désiré, choisi, aimé, réalisé dans et pour les diverses communautés, familiales et professionnelles, auxquelles chaque personne appartient, nous voulons montrer comment l'agir moral s'accomplit, se réalise dans l'agir politique à l'intérieur des diverses communautés dont la volonté individuelle, à des titres divers, peut avoir la charge.
À travers les proèmes de La Métaphysique et du De Causis, nous montrons quel est l'objet de cette discipline, architectonique, déjà présente dans les autres disciplines comme déterminant leurs principes propres. Mais en même temps, nous nous efforçons d'établir que la connaissance méta-physique, venant après la physique, a besoin de l'induction des autres disciplines philosophiques pour mieux fonder dans la réalité des "divers étants" ce qui caractérise l'être en tant qu'il est être. Et si la Métaphysique est architectonique des autres disciplines, c'est qu'elle est capable de poser la question de la Cause première de cet être en tant qu'être et d'être nommée ainsi une "théologie philosophique" rationnelle. On comprendra alors pourquoi la Philosophie est une sagesse qui considère l'ordre de l'Univers et la Cause Première de cet ordre.