Unité et spiritualité

Unité et spiritualité

Le courant Melâmî-Hamzevî dans l'Empire ottoman

L'enseignement d'ibn al-'Arabî est connu sous le nom d'unité de l'existence, expression par laquelle son école de pensée entendait résumer son enseignement. Celui-ci devint le fondement de l'ensemble de la « mystique » ottomane. Son interprétation n'allait pas de soi et donna lieu à de nombreuses versions. Dans l'Empire ottoman, l'unité de l'existence fut au centre des conflits entre mouvements mystiques. L'un de ces mouvements les plus intéressants est le courant Melâmî, devenu ensuite Hamzevî. Il se distingue des confréries en ce qu'il refuse la tradition confrérique qui, dans l'Empire ottoman, articulait politique, écoles religieuses et couvents mystiques en une alliance indispensable au système politique. Il rejeta et critiqua radicalement toutes les pratiques confrériques au nom de son interprétation de l'unicité de l'existence. Il se développa comme marge du système théologico-politique où la mystique doit compléter l'arsenal de légitimation du pouvoir politique. Quoique peu nombreux, leurs critiques du mystique au nom du spirituel inquiétèrent suffisamment l'État, les clercs et les mystiques pour qu'ils s'allient dans la persécution de ce courant. L'histoire du courant Melâmî est l'occasion de réviser les rapports entre religieux, mystique et spirituel à la lumière de cette persécution et de mettre en lumière comment le mystique est le dispositif par lequel on s'assure de l'effacement du spirituel.