Utopia 3, la question de l'art au 3e millénaire

Platon condamne les arts d'agrément dépourvus de rationalité, telles la peinture et la poésie, parce que contraires au principe d'unité et d'identité ; il disqualifie tous les artifices de la mimésis et de l'ornement, et tout ce qui produit un effet d'illusion, simule la vérité, masque la nature, met en danger la clarté de la raison. Nietzsche tournera en dérision ce qu'il y a de grave dans l'art et la philosophie. Au XIXe siècle, l'art s'affirme comme une théorie nihiliste exprimant une autre vérité.

La question évoquée dans cet ouvrage : doit-on dépasser le nihilisme pour d'autres raisonnements, d'autres expressivités, d'autres utopies ? fait l'objet de différentes analyses. L'acte de Marcel Duchamp pose le concept, mais pas la qualité d'un art ! Comment revenir à l'objet «extra-ordinaire», au-delà de la technique traditionnelle et de la technique artistique «déréalisante» ? Une pensée et une pratique reliant toutes les disciplines sur une base anthropologique feraient-elles naître l'art du futur unifiant les catégories de l'Esthétique, de l'Ethique et du Politique ? L'Architecture se repositionne comme art. Arts Plastiques, Cinéma, Danse, Littérature, Musique, Poésie, Théâtre s'annoncent comme une force capable de subvertir les objectifs de la globalisation comme ceux du développement de la culture de l'objet industriel et de la «détérritorialisation» de l'art enraciné dans le monde. Il devient urgent de re-nommer l'art comme valeur intemporelle, inventant de nouveaux moyens pour extraire du réel du perceptif lui-même, une autre représentation, un autre monde qui ne soit ni dans la domination du visible, ni dans un retour au modèle de la contemplation, ni dans le diktat du mondialisme, ni dans l'anachronisme du «localisme». Le vingtième siècle n'a pas véritablement innové. A l'aube de ce XXIe siècle, une nouvelle axiomatique minimale se dessine au plus près d'une civilisation de la «réalité de fiction».