Vague à l'âme : poèmes en prose et sagesses

Vague-à-l'âme

Poèmes en prose et sagesses

« D'où qu'on la prenne, la poésie de Ngou est impulsive, martelant un verbe nouveau, où le justicier dans l'artiste se déclare pour rejeter toute forme de monstruosité et d'insécurité organique. Ainsi lit-on dans le poème Sans rime : " Car c'est la peur de soi qui fait parler le poète ". Ou encore dans Ma poésie : " Ma poésie est l'incarnation de tous les sans-voix ", vers qui fait écho à celui d'Aimé Césaire : " Je suis la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche ". Poétique de la sainteté et de la destruction de l'espace, la poésie de Ngou Ovono désarticule le vers libre en en faisant un hymne à la régulation rythmique. Le poète quêterait-il l'unité et la sainteté perdues du monde édénique ? Toujours est-il que c'est dans le rythme oral, la chair de l'histoire et le verbe biblique qu'une telle unité est recherchée.

Prose enveloppée de lumière et d'espérance, elle sait aussi regarder la réalité obscure et cruelle de l'époque actuelle. Si elle ne doute pas résolument, c'est qu'elle est portée par l'appel du ciel et la foi dans le Messie. Ce messianisme travaille le texte et lui donne sa propension à s'arracher aux pouvoirs qui gouvernent le monde.

Avec ce recueil poétique qui ré-explore l'assonance, le rythme ternaire et le conte, la poésie gabonaise moderne continue son chemin, en appuyant le tournant récent entrouvert par la jeune génération des poètes. C'est en quoi il y a tout lieu d'inviter l'auteur à persévérer dans cette tâche ingrate mais noble - et, à la vérité, divine - d'écrire une poésie bercée par des sagesses, dont la filiation remonte à Salomon, l'auteur de Ecclésiaste, de Proverbes et du Cantique des cantiques, par ce temps de marchandisation de l'art. »