Victor Le Gentile (1815-1889)

Victor Le Gentile (1815-1889), comme tant d'autres artistes, a quitté très jeune Paris pour peindre le Berry, le Limousin et la Bretagne. Il a travaillé avec Dupré, Corot et Rousseau, ses amis et maîtres. Ce peintre de plein air, ce pleinairiste très précoce, s'avère, comme eux, un précurseur de l'Impressionnisme. Il a eu les honneurs du Salon pendant un demi-siècle ! Une véritable prouesse en même temps qu'une reconnaissance enviée.

Robert Guinot redonne vie à Victor Le Gentile dans ce livre qui associe étroitement le peintre au contexte de son époque. Il va au-delà de la simple biographie pour restituer l'épopée méconnue des paysagistes du milieu du xix^e siècle au coeur de la France. Ces régions envoyaient leurs fils bâtir Paris ou Lyon mais elles accueillaient, dans le même temps, des artistes de la capitale épris de nature qui stimulaient les peintres du cru.

Le Gentile a ainsi travaillé pendant une bonne quarantaine d'années entre Berry, Creuse et Bretagne, s'établissant durablement à Guéret. Il s'est confronté aux mêmes sites que ses amis tout en affirmant un style caractéristique marqué par la vigueur des coloris, la belle sensibilité de la lumière, la qualité de compositions souvent très élaborées et la sincérité de l'approche de paysages façonnés par les hommes et les animaux. Il aimait les arbres, les rivières et les mares mais aussi les ciels animés de nuages lumineux.

Les pleinairistes sont recherchés, de nos jours, par les Américains, les Britanniques, les Hollandais et les Asiatiques alors que les Français n'ont pas encore pris conscience de la richesse de la peinture de plein air avant l'Impressionnisme. Encore dans l'ombre, elle contraste avec les lumières de ce mouvement aujourd'hui surexposé. Victor Le Gentile, pétri de talent, mérite une pleine reconnaissance. Puisse le propos de Robert Guinot, bien documenté et richement illustré, y contribuer !