Vignes et vignerons de Provence

J'ai appris, enfant, les saisons de la vigne. Je sais qu'on la chausse pour la protéger du froid en hiver, et qu'on la déchausse dès que le soleil revient. Que l'on complante, que l'on débourre et débourgeonne.

J'ai goûté la viande grillée sur un feu de sarments, au parfum incomparable.

J'ai senti l'intense odeur de la fleur : violette ? citron ?

J'ai suivi l'effeuillage et vu rougir les grains à la véraison.

Je sais qu'il n'y a pas une seule journée, même durant la dormance, où le vigneron ne soit à la tâche, répétant les gestes de ses ancêtres, toujours sous la menace du ciel. Trop de pluie, trop de soleil, la grêle, peuvent anéantir une année d'efforts et d'espoir.

Et je sais ce jour, jamais le même d'année en année, où l'on décide que le fruit est à point, où commencent les vendanges, l'affairement, le bonheur, et la crainte des intempéries.

Je sais qu'il n'y a pas de plus beau métier, plus noble, que de cultiver l'arbre de vie.