Vitraux de Normandie

Avec pas moins de 300 oeuvres créées en relation avec la Première Guerre mondiale, la Normandie est particulièrement riche en verrières dites commémoratives. Les premiers vitraux sont posés dès 1916, alors que les évêques appellent à inscrire dans le marbre ou sur le verre les noms des premiers paroissiens disparus. Jusque dans les années trente, des centaines de paroisses normandes offrent des verrières, dans une démarche tantôt individuelle, tantôt collective.

Forte de son engagement dans la guerre, l'Église souhaite regagner sa place à part entière dans la société civile, récemment mise à mal par les lois anticléricales de la Troisième République. L'iconographie de ces oeuvres réaffirme donc fortement la promesse du salut divin pour les soldats sacrifiés et souligne l'attachement historique de la nation aux valeurs chrétiennes. Les verrières religieuses, souvent teintées de patriotisme, prolongent et célèbrent ainsi l'Union sacrée.

Pour les maîtres verriers, la représentation des souffrances liées à la guerre est un exercice inédit et difficile. Beaucoup réadaptent des images religieuses traditionnelles, mais certains, plus audacieux, composent des oeuvres originales. Des ateliers abandonnent même l'académisme qui a cours dans ce domaine depuis le milieu du XIX^e siècle pour exprimer le drame contemporain dans une esthétique nouvelle très influencée par l'Art déco.

Cet ouvrage offre un éclairage nouveau sur ce patrimoine de verre fragile et menacé, ses commanditaires et ses créateurs. Après les grandes études menées au cours des dernières décennies sur les verrières anciennes de la région, il révèle un aspect encore très méconnu de l'art du vitrail en Normandie.