Voici le père

«- On espérait bien ne jamais te voir.

- Est-ce ainsi qu'on accueille un vieil homme, qui, sais-tu, est proche maintenant du terme de sa vie ?

- Tu joues la comédie, encore, vieux bouffon !

- Il y a le passé, bien sûr. Mais regarde, voici notre pays. Ton pays, mais c'est aussi le mien.

- Limoges, la ville que tu n'as pas vue se développer.

- Si. Tu l'ignores, mais j'y suis revenu plusieurs fois, depuis trente ans. Depuis les années 60, 70. Depuis...

- Tu te cachais ?

C'est ainsi que cela commence, c'est ainsi que cela se poursuivra.»

C'est ainsi en effet que commence Voici le père, extraordinaire dialogue entre deux hommes séparés tout au long de leur vie malgré la filiation. Daniel Vernoux parviendra-t-il, en dépit de ses abjects comportements passés, à se faire accepter par son fils Henri et sa famille ?

Henri Gaillard atteint là une qualité d'écriture magistrale. Il sait nous impliquer comme jamais dans un face-à-face terrifiant, dont on ressort chamboulé, sonné.

Un deuxième texte, Darius, complète cette tragédie post-moderne. Si dans Voici le père, on extrait le mal, dans Darius, on s'y enfonce : enfer des villes, squats, milices, peurs, solitudes... Idéal - si l'on peut s'exprimer ainsi - contrepoint de celui qui précède, ce second roman achève de nous convaincre que le pire est toujours possible.