Voter cohabitation

«Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir», écrit Montesquieu dans De l'esprit des lois. Ne dirait-on pas une définition avant la lettre du système de la cohabitation, qui régit la vie politique française depuis 1986 ? Après le premier partage du pouvoir, il y a seize ans - entre Mitterrand et Chirac, à la suite des législatives de 1986 -, la France a vécu neuf années sous ce régime, soit plus de la moitié de cette période.

Dès lors, peut-on encore parler d'anomalie, d'épisode transitoire aux effets délétères, ou s'agit-il, au contraire, d'un nouvel équilibre des institutions mettant un terme à près de quarante ans d'une «monarchie républicaine» dans laquelle le président avait réellement tous les pouvoirs ?

Cet ouvrage défend le second point de vue en soulignant, au terme d'une analyse fondée sur les textes constitutionnels autant que sur la pratique politique et les aspirations des citoyens, la profonde cohérence d'un dispositif qui réussit à relier harmonieusement entre eux la Constitution, le système des partis et la majorité des électeurs.

A l'aube d'échéances électorales qui vont installer durablement un nouveau tandem président-Premier ministre, faut-il voter cohabitation ?