Voulez-vous de mes nouvelles ?

René Lucot, flânant de rêveries en mots soigneusement choisis, dessine et sculpte ses arabesques d'homme sur sa terre picarde où il a écrit, dans son romanesque exil, son nouvel ouvrage. Là n'est pas sa seule saveur, la sève de son épistolaire appel nous interpelle par sa secrète interrogation : Voulez-vous de mes nouvelles ?

Or, ayant ainsi piqué notre curiosité, nous devrions lui répondre, sans fausse candeur, «lesquelles ?», tout en sachant de quelles nouvelles il veut nous rendre complices. C'est l'art de l'artiste de l'image et de la séquence que de nous faire entrer dans son univers à plusieurs oniriques dimensions.

René a la passion des mots, de nous raconter et de nous imaginer des histoires. Son plaisir se répand comme un arôme subtil et chatoyant. Si ses textes sont souvent d'une cruelle réalité sur notre farce humaine, l'ironie tient la dragée haute à la bêtise et la stupidité avec un sourire débordant d'indulgence sur notre condition, il reste d'une incroyable humanité. Celui qui mit en image «Maigret» ne peut oublier la brutale réalité du monde des vivants. René Lucot est dans la lignée de ces talentueux légistes de l'âme.

Dans Avec une poignée de racontars, Max Jacob, entre autres, est évoqué, et avec Le secret de méditations, l'auteur nous tire sa révérence de sage sur sa longue et nébuleuse expérience de Pierrot lunaire. Nous refermerons heureux de le savoir parmi nous, cet éternel rêveur qui apporte le bonheur en nous donnant de ses nouvelles.