Vu sur la mer

«Une semaine que l'on navigue et tout le monde en a par-dessus la tête. A l'arrière du bateau, des passagers font rôtir des singes morts, mais frais, non boucanés, avec leurs poils, sur quelques planches brûlant en plein air, après les avoir rompus et attendris à coups de marteau. Très curieux de voir le singe passer par les différents stades de la crémation : le poil grésille, le singe est lisse, il enfle, la peau éclate, le visage prend une expression de plus en plus agonique, les mâchoires ressortent avec leurs énormes canines, les yeux fondent...»

A propos de «L'Avis des bêtes»

«Jean Rolin est décidément l'un des plus doués parmi les écrivains d'aujourd'hui qui éparpillent l'or de leur talent dans les feuilles quotidiennes. Bourlingueur intelligent, reporter dans l'âme, incorrigible styliste à la Alexandre Vialatte, il préfère à ses congénères les canaux, les bateaux, les fonds marins, les ports et toutes les bêtes condamnées par la bêtise érigée sur deux jambes».

Michel Contat, le Monde