Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 160 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 14cm X 21cm
EAN : 9782911043994
William Shakespeare
Anthony and Cleopatra
Quatrième de couverture
Plus de cinquante pièces portant sur la Rome antique ont été représentées sur la scène anglaise entre 1566 et 1635 et trente-neuf d'entre elles nous sont parvenues dont Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare. Après Jules César (1599), le dramaturge élisabéthain se tourne à nouveau vers la traduction anglaise de la Vie des hommes illustres de Plutarque, réalisée par Thomas North en 1579 à partir d'une version française, pour écrire cette tragédie. Les évènements rapportés dans The Life of Antonius ont été abondamment utilisés pour mettre en place l'intrigue de la pièce. La mise en parallèle des deux textes est donc riche d'enseignements par ce qu'elle révèle de modifications et d'emprunts directs, tout autant sur les plans structurel que stylistique. Mais ce qui aurait pu n'être qu'un plagiat est en fait une pièce exceptionnelle à plusieurs titres. D'un côté l'Egypte (Abondance, désir, jouissance, oubli), de l'autre. Rome (Mesure, rigueur, honneur, devoir). Le monde s'articule sur deux axes et trois hommes qui se le sont partagé. Le déséquilibre semble au cœur de cet univers dramatique qui s'interroge sans cesse sur le dépassement, l'excès, le renoncement, la trahison des autres et de soi-même. «Tragédie de l'exiguité» paradoxale. Antoine et Cléopâtre présente des personnages en quête d'identité qui se font ainsi les porte-parole d'angoisses d'une acuité particulière en ce début de dix-septième siècle.
La nécessité de redéfinir les frontières de l'être prend la forme d'un déchirement, d'un regard en biais qui révèle une réalité anamorphique. L'écriture est dense, somptueuse, hyperbolique, fantasmatique : feliciter audax disait Coleridge de ce style unique dans l'œuvre shakespearienne. Le dénuement caractéristique de la scène shakespearienne joue à plein et le dramaturge fait osciller cette tragédie entre la restitution poétisée de l'histoire et la mise en place, voire la recomposition, du mythe.
La «distance» est au cœur d'Antoine et Cléopâtre comme elle l'est de toute aventure théâtrale ou amoureuse. Toutefois, à l'écart inhérent à la mimesls s'ajoute une dialectique du regard, la conscience tragique de la non-appartenance et la sidération opérée par l'image. Mais la distanciation est aussi la forme déguisée de l'entendement et Shakespeare est parvenu, en se tournant vers le passé, à nous faire nous interroger sur notre propre théâtralité.