Rencontre avec Mahamat-Saleh Haroun autour de son roman "les culs-reptiles"
« Même les culs-reptiles étaient de la partie, ces oisifs qui ne
voulaient rien foutre au pays, des fainéants qui passaient la journée à
même le sol, sur des nattes, à jouer aux dames ou au rami. Immobiles
tels des montagnes, ils ruminaient la noix de cola, sirotant à longueur
de journée des litres de thé accompagnés de pain sec. Ils ne bougeaient
leurs fesses qu’en fonction de la rotation du soleil, disputant l’ombre
aux chiens et aux margouillats. »
Or, Bourma Kabo, las de faire
partie de cette communauté nationale de la glandouille, accepte de
relever un inimaginable défi : représenter son pays de sables — les
autorités plus que corrompues le lui imposent — aux jeux Olympiques de
Sydney, en 2000. Épreuve de natation, cent mètres.
Alors qu’il sait à
peine flotter dans un fleuve boueux, il plonge corps et âme dans
l’aventure. C’est ainsi que d'Afrique en Australie commence
l'extraordinaire odyssée d’un Ulysse candide des temps modernes, avec
aussi les magiciennes Circé des médias, et sa tant convoitée Ziréga,
nouvelle Pénélope.
Ce roman est un sérieux divertissement. Il nous
raconte que « le propre de l’homme est de ne pas servir le mensonge »,
en une impitoyable et malicieuse radiographie d’un pays sahélien et de
tout un continent aux peuples bannis de culs-reptiles sous les mirages
de l'Occident.