David Todd présente "Un empire de velours - L'impérialisme informel français au XIXe siècle" aux éditions La Découverte
Contrairement à ce que les historiens ont longtemps laissé entendre, la
France ne s’est pas recroquevillée sur elle-même après la perte de ses
colonies nord-américaines et caribéennes au tournant du XIXe
siècle. L’impérialisme français a pris de nouvelles formes, moins
visibles, et s’est déployé dans de nouvelles régions, notamment au
Moyen-Orient et en Amérique latine.
C’est l’histoire de cet « empire
de velours » que retrace David Todd, depuis la chute de l’Empire
napoléonien en 1815 jusqu’à l’avènement de l’empire colonial de la IIIe
République. Doux mais cynique, cet empire informel a mobilisé divers
instruments d’influence, aussi discrets qu’efficaces. Pendant que
l’industrie du luxe convertissait une partie des élites étrangères à l’«
art de vivre à la française », des dispositifs commerciaux, financiers
ou juridiques sophistiqués plaçaient des pays entiers sous la tutelle
silencieuse de la France.
Étudiant la politique étrangère et
économique des régimes qui se sont succédé après la Révolution –
Restauration, monarchie de Juillet, Second Empire –, David Todd propose
de repenser l’histoire de l’impérialisme français, trop souvent limitée à
la politique coloniale de la IIIe République et trop
exclusivement associée à l’idéologie républicaine. Cette remarquable
enquête montre également que cet empire de velours fut moins le
concurrent que le partenaire de l’impérialisme britannique dans le
processus de « mondialisation » du XIXe siècle, c’est-à-dire l’intégration de la planète au profit de l’Europe occidentale.
Rappelant
que l’impérialisme ne se limite pas aux conquêtes territoriales, ce
livre nous invite finalement à réfléchir aux étonnants parallèles que
l’on peut établir entre l’empire de velours français du XIXe siècle et les empires informels contemporains, notamment celui des États-Unis depuis le milieu du XXe siècle ou celui de la France en Afrique subsaharienne depuis 1960.