L’agenda de la librairie

LIBRAIRIE L'ATELIER
janvier 2024
mardi 30 janvier 2024 | 19h30

l'écriture contre l'effacement avec Maxime Decout et Vincent Platini


Rencontres et Débats
Lieu2 BIS RUE JOURDAIN 75020 PARIS

Faire trace : les écritures de la Shoah
Maxime Decout est né en 1979. Professeur à l'université d'Aix- Marseille, il est membre de l'Institut Universitaire de France.
"Heinrich Himmler, chargé de mettre en route la « solution finale », exhortait les nazis à emporter le secret dans leur tombe. Les charniers sont nettoyés, les camps démantelés, les preuves liquidées, les témoins assassinés et le souvenir de leur mort est voué à disparaître. Même si de nombreuses traces ont subsisté et que les historiens ont reconstitué les événements, les faits et la factualité ont été attaqués autant que possible, préparant un oubli sur le long cours dont le négationnisme a su tirer profit.
C'est face à ces formes d'anéantissement que la littérature a dû elle aussi réagir. Travaillée par un mal d'archive et un mal du savoir, elle a cherché à faire trace en s'écrivant contre l'effacement, c'est-à-dire à la fois tout contre l'effacement et à l'encontre de celui-ci. C'est de la sorte qu'elle se confronte à ses propres moyens et à ses limites.
Des textes survivants, écrits parfois aux portes des chambres à gaz et cachés sous la cendre, aux enquêtes contemporaines des descendants des disparus, c'est la riposte des œuvres face à la dissolution des faits que ce livre retrace. Comprendre une telle riposte, c'est pénétrer au cœur des écritures de la Shoah. Mais c'est aussi donner à entendre cette littérature afin que l'effacement programmé, dont les répercussions sont toujours vives, n'en vienne pas à triompher. Sans quoi, ni le souvenir des victimes ni les générations futures ne seront à l'abri.
Issue de fonds d'archives en France, une compilation de lettres laissées par des personnes ayant mis fin à leurs jours. Chaque courrier est replacé dans son contexte puis analysé pour sa qualité formelle et littéraire, ainsi que pour la puissance des émotions qui s'expriment dans l'urgence."

Écrits fantômes
Lettres de suicides (1700-1948)

"Après plus de quatre ans de recherche dans divers fonds d'archives en France, Vincent Platini a sélectionné 220 lettres de suicides composées par 171 personnes ayant mis fin à leurs jours, ou tenté de Le faire, entre 1700 et 1948. Avec cet ouvrage pionnier, il s'agit de montrer comment des inconnues ont pris la plume pour intégrer un ultime message à la mise en scène de leur suicide et donner une esthétique à leurs derniers instants.
Selon dix cercles thématiques, le recueil présente Les circonstances de ces actes et les données historiques qui s'y rapportent. Il donne aussi à voir la matière des lettres, leur corps, leurs accents. Ces papiers raturés ne sont ni de belles missives ni le témoignage de vies héroïques. Ils témoignent de morts minuscules. Rien d'indécent, ni de sordide. Des écrits fragiles, fantômes, chargés de puissance."
Enseignant-chercheur en littérature, actuellement en poste à l'université de Cassel, Vincent Platini a travaillé sur la figure du truand dans l'entre-deux-guerres, le divertissement et le roman policier à l'époque nazie. Il traduit également de l'allemand des ouvrages de sciences sociales et de critique littéraire. Écrits fantômes constitue la première livraison de ses travaux sur les lettres de suicides.