Spiritualité cathare en Europe

Avec ce deuxième tome de l'Anthologie de Déodat Roché, nous continuons en découvrant les métamorphoses du courant spirituel né autour de Jésus de Nazareth au 1^er siècle. Après qu'il fut assuré aux Juifs qu'il ne s'agissait pas d'abolir leur loi, mais de l'accomplir, cet accomplissement va soulever un bouillonnement mystique et intellectuel qui n'est pas retombé au XXI^e siècle. Ce mouvement va se déplacer vers le nord, et prendre, à Antioche, le nom de « chrétien ». Il gagnera l'Empire romain qui domine l'Europe et l'Asie Mineure à l'époque, jusqu'à devenir, au IV^e siècle, sa nouvelle religion. Dans ce vaste ensemble de peuples divers, des questions universelles vont être posées. En particulier, l'irréductible et scandaleux problème de la racine métaphysique du Mal, dans un monde réputé, depuis l'Ancien Testament, être créé par Dieu le Père ; pourtant présumé source d'amour et de bonté pour ses créatures...

Dès le III^e siècle, des esprits puissants comme Origène à Alexandrie et Manès en Perse vont déployer, au sein du christianisme, une pensée tirant les conséquences de cette dualité radicale, originelle, du Bien et du Mal, qui ne peut être imputée au « péché » ultérieur de l'humanité.

Au XII^e siècle, en Europe, cette pensée émerge en un christianisme renouvelé qui la prend au sérieux. Dès lors, ce problème essentiel sera posé, il l'est toujours, et plus que jamais, au début du XXI^e siècle. Sans le prendre en compte dans toute sa gravité, on ne résistera pas aux lourdes menaces qui pèsent sur la planète portant l'évolution humaine.