La bourgeoisie marmandaise dans la tempête, 1789-1851

L'assemblée de la sénéchaussée d'Agenais :

Il a beau insister pour que soit prise en compte « l'adresse au Roi » des habitants des paroisses suburbaines de Marmande, il se heurte à un rejet Il porte alors l'affaire devant M. Lafitte, Premier Lieutenant du Sénéchal qui, en sa qualité de Commissaire du Roi préside l'Assemblée. Nouveau refus. C'est que M. Lafitte n'a rien d'un démocrate. Après la clôture de cette assemblée, il écrira au Garde des Sceaux : « Mon opération est consommée malgré les traverses infinies que j'éprouve tous les jours (...)

Tout ce que j'ai à dire, c'est que les têtes gasconnes sont bien difficiles à manier et que je ne ferai plus, sous votre plaisir, une telle opération (...). Bien conseillé par quatre vieux renards qui m'ont conduit à la lisière, je me fis forcer la main par le clergé et la noblesse afin de faire prêter serment aux députés le samedi soir 28 mars. Le Tiers-Etat, piqué de ma conduite nerveuse, se choisit un Président (c'est la tête chenue de M. Escourre), établit des Bureaux de correspondance, dont je fus exclu (...), enfin chargea cinq orateurs de me laver la cornette le samedi soir (...) ; me voilà donc ordonnant le serment ; s'avançant fièrement, mes cinq orateurs : « Monsieur le Président, nous vous demandons la parole ». - « Bien volontiers, Messieurs, mais ma mission est finie, je romps l'assemblée et me retire. Parlez tous à la fois et tant que vous voudrez » et moi en carrosse regagnant l'hôtel. Figurez-vous, Monsieur, la triste posture de mes orateurs, en avant dans le parquet, au milieu de mille deux cents personnes, la bouche béante, les Sieurs de mon côté ; le tableau est d'après nature Dieu soit loué ! Vous verrez ce cahier (de doléances) ! Ah ! Monseigneur, ne le voyez pas : il vous ferait mal au coeur».