Collection(s) : Du monde entier
Paru le 02/02/1982 | Broché 224 pages
traduit du russe par Lily Denis
Ces nouvelles, en apparence «tranquilles», saisissent un moment de la vie de gens simples : une vieille dame balte va chercher ses souvenirs au pays natal, une vigoureuse ouvrière va travailler au noir chez des gens aisés, des jeunes gens jouent au tennis dans le crépuscule d'été. On pense d'abord, et à juste titre, qu'il y a dans ces pages un brin de mélancolie tchékhovienne. Il y a aussi, comme chez Tchekhov, l'entraînement de la lecture, le désir de savoir «comment ça finira». Le drame est présent de même, feutré, mais révoltant, celui de la nouvelle qui donne son titre au présent volume : Mise à mort d'un pigeon. La malveillance de voisins influents oblige un vieux retraité à se débarrasser de ses pigeons : une fois, deux fois, trois fois l'opération sera manquée. La quatrième...
Quant à Des jeux sans fin, c'est une «ciné-nouvelle» sur le monde du football que l'auteur, ancien journaliste sportif, connaissait bien : vision apocalyptique du public (cent mille spectateurs), vitalité des sportifs, fantaisie, facéties des journalistes, nostalgies, tristesses : en peu de pages, un univers entier.
Iouri Trifonov, né en 1925 à Moscou, fils d'un officier supérieur, a commencé sa vie comme ouvrier d'usine. Très vite tenté par la littérature, il achevait à vingt-quatre ans ses études à l'Institut Gorki. Auteur de nombreuses nouvelles (sur les milieux d'étudiants), il s'est acquis une réputation mondiale dès 1969 avec L'échange, publié en français aux Editions Gallimard dans le recueil intitulé Bilan préalable (et qui a été adapté à la scène pour le Théâtre Taganka où il connut un vif succès). La maison du quai, également adapté à la scène par ce même théâtre, et Le reflet du brasier ont été publiés aux Editions Gallimard. Les œuvres de Iouri Trifonov sont traduites en de très nombreuses langues. La mort l'a brusquement emporté en mars 1981, à cinquante-cinq ans.