Moine, prélat, croisé

Cet évêque pieux, savant, zélé et diplomate, promoteur de la croisade, de la réforme spirituelle et des ordres mendiants, apparaît comme un prélat caractéristique de l'église du XIII^e siècle, au plein épanouissement du Moyen-Âge. De petite noblesse, élevé dans un monastère bénédictin, attaché à l'orthodoxie catholique par de profondes convictions, il fut amené à jouer un rôle important dans la funeste guerre des Albigeois qui opposait ses compatriotes languedociens devenus cathares aux rudes guerriers du nord de la France, défenseurs des croyances romaines. Elu abbé de La Grasse, un des monastères les plus riches de la terre d'Oc, il utilisa souvent ses qualités de diplomate dans des médiations difficiles. Il sut faire profiter son abbaye de son crédit auprès du roi de France et de la Papauté ; ses qualités d'administrateur et sa réputation le désignèrent tout naturellement pour occuper à Marseille, après le décès de Pierre de Montlaur, un poste difficile.

Ses antécédents languedociens l'inclinaient à s'appuyer sur le Comte de Provence, Raymond Bérenger V, ami de l'Eglise, alors que les Marseillais, pour des raisons essentiellement politiques, préféraient Raymond VII, suspect d'hérésie et suffisamment lointain et affaibli pour ne pas contrarier leur indépendance. La commune de la ville basse, récemment affermie, était pour l'évêque, seigneur de la ville haute, un danger et par son exemple et par son voisinage.